UPGRADE | Une équipe solide grâce à des «entretiens hiérarchiques» réguliers
La nouvelle contribution à notre série «UpGrade: réactualiser et améliorer ce qui existe» donne la parole à la directrice de l’unité d’habitation socio-pédagogique Rose, qui explique comment des «entretiens hiérarchiques» réguliers renforcent la sécurité interne et la capacité d’action des membres du personnel.
Un lieu sûr. C’est ce que souhaite offrir l’unité d’habitation Rose de Heiden (AR) à dix jeunes femmes âgées de 13 à 20 ans. Les situations dans lesquelles elles se trouvent sont difficiles, et sont souvent mêlées à de graves problèmes psychiques, des agressions ou d’importantes tensions familiales ou scolaires, ce qui rend le travail socio-éducatif tout aussi complexe. Celui-ci se base sur trois piliers: la pédagogie du traumatisme, l’analyse transactionnelle et le contact avec la nature.
«Dans notre travail, notre seul outil, c’est nous-mêmes», explique Nicole Wolschendorf, la directrice de l’institution. Pour qu’il soit opérationnel longtemps et en bonne santé, Rose offre à son personnel divers canaux de soins. Les «entretiens hiérarchiques» sont un instrument très important. Ils se déroulent toutes les trois à six semaines avec le ou la responsable hiérarchique désigné·e, de manière structurée, et concernent tous les niveaux de la chaîne de soins, de la cheffe aux jeunes. Concrètement, voilà comment cela s’organise: le comité directeur de l’établissement socio-éducatif conduit des entretiens hiérarchiques réguliers avec la direction, la direction avec les responsables de groupe, les responsables de groupe avec les membres des équipes et ces dernières avec les «jeunes femmes» (c’est ainsi que sont appelées les personnes admises au sein de l’institution). La structure de l’entretien varie peu: celui-ci aborde les thèmes spécifiques qui présentent une importance pour chaque échelon hiérarchique. D’autres sujets sont toutefois abordés à tous les niveaux. C’est particulièrement le cas du ressenti personnel, de la place occupée dans l’équipe, de sa résilience ou encore de la sécurité interne. En outre, ces entretiens servent à évoquer des questions d’ordre organisationnel, tels que les rendez-vous, les tâches en cours ou des projets particuliers. Au cours d’un entretien sur trois, l’état actuel des objectifs annuels du collaborateur ou de la collaboratrice est passé en revue.
Chacun de ces entretiens dure en moyenne une heure. La directrice Nicole Wolschendorf est convaincue que cet investissement en vaut la peine. «Les canaux déjà en place pour les soins apportés au personnel apportent une orientation et de la sécurité à nos collaborateurs et collaboratrices. Ils disposent d’un espace dans lequel ils sont écoutés et accompagnés professionnellement et émotionnellement.» Cela renforce la sécurité interne et la conscience apportée dans chaque action. Les crises chez les jeunes sont alors gérées de manière plus professionnelle. Nicole Wolschendorf évoque ensuite sa propre expérience et ses premiers pas au sein de Rose: «J’ai voulu poser des limites, mais je ne me sentais pas confiante. Ce n’était pas cohérent.» Les jeunes femmes fortement éprouvées par la vie ont cependant besoin d’un lieu sûr qui leur permette d’analyser les stratégies de survie utilisées jusqu’ici, de les abandonner et d’apprendre d’autres formes de comportement.
Se confronter à soi-même est une part importante du travail socio-éducatif de Rose. Forte de ce constat, la directrice a introduit en 2013 le concept d’entretiens hiérarchiques en tant que partie intégrante des soins apportés au personnel. Et comment le personnel perçoit-il ces entretiens très réguliers? Lors des entretiens d’embauche, les nouvelles membres des équipes sont toujours fortement enthousiasmées par le système. «Au bout d’un certain temps, elles finissent par remarquer combien le lien entre le travail socio-éducatif et elles-mêmes en tant que personne est fort», poursuit Nicole Wolschendorf. Faire face à ses propres points sensibles demande alors un gros travail. La méthode de travail de Rose est à la fois une bénédiction et une malédiction. «C’est une malédiction car elle me confronte à des histoires personnelles brutes. Mais c’est aussi une bénédiction car nous pouvons nous affranchir des schémas et des stratégies qui ne nous sont plus bénéfiques.» L’unité d’habitation Rose propose en plus un suivi par un·e coach ou un·e thérapeute pour soigner les histoires douloureuses et non traitées du personnel en charge de l’encadrement. Les équipières peuvent en bénéficier à titre personnel ou professionnel.
Cette façon de travailler est couronnée de succès. Elle augmente la qualité du travail fourni et diminue les changements de personnel dans ce milieu professionnel très exigent. «Nous entendons toujours dire que nous sommes une institution extrêmement solide et que nous établissons des relations durables avec les jeunes», souligne Nicole Wolschendorf. «Je suis convaincue que les entretiens hiérarchiques y sont pour beaucoup.»
Liens et informations
Fachzeitschrift CURAVIVA | 6/2021, Seite 18
Contact Wohngruppe Rose:
Nicole Wolschendorf
+41 71 344 47 07 | E-Mail